par Seyfeddine Ben Mansour
Au moment du passage à l’alphabet latin en 1928, le CHP avait interdit
la commercialisation du Coran. Les exemplaires du Livre furent entassés
dans des entrepôts, puis utilisés comme papier d’emballage, comme le
révèle la revue Aksiyon. Des documents attestant des
profanations du Coran perpétrées par le régime du parti unique CHP,
suite au passage à l’alphabet latin en 1928, ont été découverts. D’après
l’article de la revue Aksiyon, des tonnes de corans issus de
l’imprimerie Osmanbey ont été vendues à des usines de papier
d’emballage. Les mesures répressives appliquées contre les livres
religieux et notamment le Coran à cette époque ont été certifiées par la
revue Aksiyon. La revue a publié une photo de l’un de ces exemplaires
transformés en papier d’emballage dans les années 1930. Dans la page
récupérée par la revue, on voit une partie du verset 23 de la sourate
«Le voyage nocturne», qui commande d’obéir à ses parents. D’après
l’article, le papier d’emballage est sorti des archives du libraire
Lütfü Bayer. La page de Coran est issue des presses de l’imprimerie
Osmanbey, fondée par Osman Zeki Bey, un des précepteurs du prince
Abdülhamid. La date exacte de l’impression n’est pas connue, mais il
semblerait qu’elle précède de peu la réforme de l’alphabet turc.
Les plaintes des Turcs auprès du mufti d’Istanbul
D’après la loi révolutionnaire adoptée le 1er novembre 1928,
il était interdit d’imprimer et de vendre des livres imprimés avec
l’«ancien alphabet». Cette interdiction était également valable pour le
Coran, dont les exemplaires seront stockés dans des dépôts pendant
plusieurs années. D’après les estimations, le propriétaire de
l’imprimerie Osmanbey, la Fondation Darüssafaka (Collège pour
orphelins), aurait décidé, en 1937, de se débarrasser d’une partie de
ces documents. Témoin de la profanation du Coran, le peuple s’est plaint
de la situation auprès du mufti d’Istanbul. Le 17 décembre 1937, le
mufti d’Istanbul de l’époque, Fehmi Ülgener, a fait appel à la Fondation
de lecture du turc et leur a envoyé un échantillon en guise de
témoignage. L’échantillon concerné a été récupéré par le commerçant
stambouliote Azakzâde Tevfik, qui avait conservé une quinzaine de sacs
de ces pages du Coran obtenus de son fournisseur de papier d’emballage,
un certain Mihran.
Mots clés : Coran, Islam, republique, Turquie, Laicité, laicite de combat, CHP, Fondation Darussafaka, Osman Zeki Bey, Religion, Islam des mondes.
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