lundi 14 juillet 2014

Quand le Coran servait de papier d’emballage à la République

par Seyfeddine Ben Mansour

Au moment du passage à l’alphabet latin en 1928, le CHP avait interdit la commercialisation du Coran. Les exemplaires du Livre furent entassés dans des entrepôts, puis utilisés comme papier d’emballage, comme le révèle la revue Aksiyon. Des documents attestant des profanations du Coran perpétrées par le régime du parti unique CHP, suite au passage à l’alphabet latin en 1928, ont été découverts. D’après l’article de la revue Aksiyon, des tonnes de corans issus de l’imprimerie Osmanbey ont été vendues à des usines de papier d’emballage. Les mesures répressives appliquées contre les livres religieux et notamment le Coran à cette époque ont été certifiées par la revue Aksiyon. La revue a publié une photo de l’un de ces exemplaires transformés en papier d’emballage dans les années 1930. Dans la page récupérée par la revue, on voit une partie du verset 23 de la sourate «Le voyage nocturne», qui commande d’obéir à ses parents. D’après l’article, le papier d’emballage est sorti des archives du libraire Lütfü Bayer. La page de Coran est issue des presses de l’imprimerie Osmanbey, fondée par Osman Zeki Bey, un des précepteurs du prince Abdülhamid. La date exacte de l’impression n’est pas connue, mais il semblerait qu’elle précède de peu la réforme de l’alphabet turc.
 
Les plaintes des Turcs auprès du mufti d’Istanbul
 
D’après la loi révolutionnaire adoptée le 1er novembre 1928, il était interdit d’imprimer et de vendre des livres imprimés avec l’«ancien alphabet». Cette interdiction était également valable pour le Coran, dont les exemplaires seront stockés dans des dépôts pendant plusieurs années. D’après les estimations, le propriétaire de l’imprimerie Osmanbey, la Fondation Darüssafaka (Collège pour orphelins), aurait décidé, en 1937, de se débarrasser d’une partie de ces documents. Témoin de la profanation du Coran, le peuple s’est plaint de la situation auprès du mufti d’Istanbul. Le 17 décembre 1937, le mufti d’Istanbul de l’époque, Fehmi Ülgener, a fait appel à la Fondation de lecture du turc et leur a envoyé un échantillon en guise de témoignage. L’échantillon concerné a été récupéré par le commerçant stambouliote Azakzâde Tevfik, qui avait conservé une quinzaine de sacs de ces pages du Coran obtenus de son fournisseur de papier d’emballage, un certain Mihran.

Article publié sur Zaman France (01 janvier 2013).

Mots clés : Coran, Islam, republique, Turquie, Laicité, laicite de combat, CHP, Fondation Darussafaka, Osman Zeki Bey, Religion, Islam des mondes.

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