par Seyfeddine Ben Mansour
Jeudi
14 novembre, trois personnes ont été tuées et 22 blessées près de la
célèbre mosquée des Omeyyades, dans le cœur historique de Damas. Il
semble qu’en Syrie, chaque jour qui passe accuse le contraste avec la
grandeur passée de ce pays naguère centre du monde.
Une légitimité assez contestable à l’origine
C’est en effet sous la dynastie des Omeyyades (661-750) que Damas est devenue la capitale de l’empire arabo-islamique. Un vaste empire qui s’étendait de Narbonne, dans ce qui n’était pas encore la France, à la vallée de l’Indus, dans le sous-continent indien. Un empire dont la grande majorité des sujets n’était pas musulmane. Un Etat doté d’une administration centralisée moderne, dont les fonctionnaires étaiet souvent des Gens du Livre, et où le grec, le copte et le persan étaient des langues administratives, au même titre que l’arabe. Un califat qui, pour la première fois, devient héréditaire. Un empire enfin, qui, grâce à la stabilité et la prospérité créées par la pax islamica, a vu la genèse d’un art proprement islamique dont témoigne aujourd’hui encore les magnifiques mosquées de Damas et d’al-Aqsa à Jérusalem. Pourtant, la dynastie qui se trouve à l’origine de cette formidable évolution est d’une légitimité assez contestable à l’origine.
Les Omeyyades appartiennent à la tribu Quraysh,
tout comme le Prophète. Leur ancêtre commun est ʿAbd Manaf Ibn Qusayy,
père de Hashim et de ʿAbd Shams. Le premier est à l’origine du clan
auquel appartient Muhammad, les Banu Hashim. Le second, par son fils
Umayya, est à l’origine du clan des Banu Umayya. Or ce sont les Banu
Umayya qui, avec d'autres clans de la tribu Quraysh, chassèrent le
Prophète de la Mecque en septembre 622. Leur opposition à l’islam ne
faiblira pas durant les années qui suivront, jusqu’à la prise de la
Mecque en 630. C’est un des leurs, Abu Sufyan Ibn Harb qui sera envoyé
par les Mecquois pour parlementer avec les musulmans lors du siège de la
ville. C’est à cette occasion qu'il se convertit à l’islam. L’ensemble
du clan profitant du pardon du Prophète embrasse très vite la nouvelle
religion, et oublie avec presque autant de célérité sa part de
responsabilité dans l’Hégire, mettant en avant au contraire sa parenté
avec Muhammad, ce cousin du clan des Banu Hashim.
Le califat héréditaire instauré en 661
Des quatorze califes que compte la dynastie omeyyade, trois, les trois premiers, descendent de cet Abu Sufyan, les onze autres descendant de Marwan Ibn al-Hakam Ibn Abi al-ʿAs. Leur règne fait suite à celui, puissamment légitime, des quatre premiers califes, les califes «biens guidés» (rashidun) qu’étaient Abu Bakr as-Siddiq, ‘Umar Ibn al-Khattab, ‘Uthman Ibn Affan et ‘Ali Ibn Abi Talib.
C’est contre ce dernier, pourtant cousin et gendre du Prophète, mais surtout Compagnon (Sahib)
de la première heure, que le général Mu‘awiya s’impose et instaure en
661 le califat héréditaire. Comme son père, Abu Sufyan, Mu‘awiya s’était
converti à l’islam en 630, lors de la prise de la Mecque. Mettant sa
bravoure au service de sa nouvelle religion, il a multiplié les succès
militaires, ce qui lui valut notamment d’être nommé gouverneur de Syrie
par ‘Uthman Ibn ‘Affan… avant d’être relevé de ses fonctions par le
calife suivant, Ali ibn Abi Talib. La guerre civile (Fitna) qui
suivra donnera l’avantage politique à Mu‘awiya, et par là même aux Banu
Umayya. Néanmoins, leur opposition première au Prophète n’était pas
effacée dans tous les cœurs, et en 750, ils sont exterminés pratiquement
jusqu’au dernier par des Banu Hashim, les Abbassides, qui leur
arrachent le califat.
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