par Seyfeddine Ben Mansour
Ce 10 mai marque le 165e
anniversaire de l’abolition de l’esclavage en France. Des siècles
durant, néanmoins, le commerce triangulaire aura contribué à asseoir la
puissance économique de pays comme la France, la Grande-Bretagne ou les
Etats-Unis. Il était schématiquement organisé comme suit : objets de
pacotille européens contre esclaves en Afrique de l’Ouest ; en Amérique,
esclaves contre produits agricoles et matières premières ; de retour
en Europe, métaux précieux, coton, café, tabac, sucre et cacao revendus à
prix d’or. De 10 à 15 millions de personnes ont été ainsi réduites en
esclavage, dont, d’après les estimations, 20 à 30 % étaient musulmanes.
Qu’ils soient à l’origine monothéistes ou animistes, les esclaves
étaient convertis de force au christianisme, la religion du maître, dont
ils devaient en outre porter le nom de famille précédé d’un prénom
chrétien, symboles de leur servitude.
L’islam américain est le produit de conversions
Si pratiquement aucun de ces musulmans n’a pu transmettre sa religion à sa descendance, ‒ comme en témoigne le fait que l’islam noir aux Etats-Unis aujourd’hui est le produit de conversions ‒, il n’en demeure pas moins que certains ont résisté, avec les moyens souvent dérisoires qui étaient les leurs. Leurs textes et leurs actes témoignent de la foi inébranlable d’hommes à qui a été nié jusqu’au statut d’être humain. Cet héritage à la fois humble et noble constitue aujourd’hui la première mémoire des Noirs musulmans des Etats-Unis. Ainsi, l’autobiographie ‒ intégralement rédigée en arabe ‒ d’Omar Ibn Said (1770-1864) débute-t-elle par la citation de la sourate LXVII (al-Mulk), dans laquelle est exprimée, en substance, l’idée que Dieu seul a souveraineté sur les êtres humains. Né au Fouta-Toro, dans l’actuel Sénégal au sein d’une famille de riches marchands, Omar Ibn Said (alias Omaroh, Monroe ou encore Moreau) est un érudit musulman qui a étudié le Coran et les sciences religieuses durant vingt-cinq années avant d’être capturé et vendu comme esclave en Amérique. Si son premier maître appartenait à cette race d’humains qui «ne craignent pas Dieu», comme il l’écrit, les Owen, ses derniers maîtres, le traitent davantage en ami qu’en serviteur. Ils lui offrent un Coran en anglais afin qu’il maîtrise l’écrit, puis une Bible en arabe, dans l’espoir qu’il se convertisse au christianisme.
Omar Ibn Said, le premier symbole de cette histoire
Article publié sur Zaman France (30 mai 2013).
Mots clés : abolition de l’esclavage, États-Unis, Musulmans, Omar Ibn Said, Lamen Kebe, Fouta-Tora. Abu Bakr Said, Bilali Muhammad, Muhammad Said, Salih Bilali, Ayuba Suleiman Diallo, Job Ben Solomon, Islam des mondes.
L’islam américain est le produit de conversions
Si pratiquement aucun de ces musulmans n’a pu transmettre sa religion à sa descendance, ‒ comme en témoigne le fait que l’islam noir aux Etats-Unis aujourd’hui est le produit de conversions ‒, il n’en demeure pas moins que certains ont résisté, avec les moyens souvent dérisoires qui étaient les leurs. Leurs textes et leurs actes témoignent de la foi inébranlable d’hommes à qui a été nié jusqu’au statut d’être humain. Cet héritage à la fois humble et noble constitue aujourd’hui la première mémoire des Noirs musulmans des Etats-Unis. Ainsi, l’autobiographie ‒ intégralement rédigée en arabe ‒ d’Omar Ibn Said (1770-1864) débute-t-elle par la citation de la sourate LXVII (al-Mulk), dans laquelle est exprimée, en substance, l’idée que Dieu seul a souveraineté sur les êtres humains. Né au Fouta-Toro, dans l’actuel Sénégal au sein d’une famille de riches marchands, Omar Ibn Said (alias Omaroh, Monroe ou encore Moreau) est un érudit musulman qui a étudié le Coran et les sciences religieuses durant vingt-cinq années avant d’être capturé et vendu comme esclave en Amérique. Si son premier maître appartenait à cette race d’humains qui «ne craignent pas Dieu», comme il l’écrit, les Owen, ses derniers maîtres, le traitent davantage en ami qu’en serviteur. Ils lui offrent un Coran en anglais afin qu’il maîtrise l’écrit, puis une Bible en arabe, dans l’espoir qu’il se convertisse au christianisme.
Omar Ibn Said, le premier symbole de cette histoire
Omar
Ibn Said assistait de fait à l’office presbytérien avec le reste de la
famille. Mais les spécialistes sont partagés sur la sincérité de cette
conversion. Il est établi, par exemple, qu’Omar Ibn Said a refusé
l’offre qui lui a été faite de retourner en Afrique afin d’y officier en
qualité de missionnaire. Depuis 1991, une mosquée de Caroline du Nord
porte son nom : la Masjid Omar Ibn Said. Dans les 14 manuscrits, tous
rédigés en arabe, qui nous sont parvenus, le mot Allah est
employé avec une grande fréquence. Son legs majeur, une autobiographie
riche d’informations sur la période africaine de sa vie, Omar Ibn Said
en a envoyé une copie en 1836 à Lamen Kebe, un autre musulman également
originaire du Fouta-Tora. mais qui, affranchi, préparait depuis New York
son retour au pays. Homme pieux qui, dès qu’il en a eu le loisir, s’est
consacré à l’enseignement des préceptes de l’islam, Lamen Kebe (alias
Abd al-Amin ou Paul) fera partie des fondateurs du Liberia, un Etat
créé en 1822 pour servir de foyer national à des esclaves noirs libérés.
Outre ces deux noms, l’histoire du premier Islam américain aura
conservé, à travers les textes narratifs, et souvent autobiographiques
qu’ils ont légués, ceux de Abu Bakr Said, Bilali Muhammad, Muhammad
Said, Salih Bilali et Ayuba Suleiman Diallo (Job Ben Solomon).
Article publié sur Zaman France (30 mai 2013).
Mots clés : abolition de l’esclavage, États-Unis, Musulmans, Omar Ibn Said, Lamen Kebe, Fouta-Tora. Abu Bakr Said, Bilali Muhammad, Muhammad Said, Salih Bilali, Ayuba Suleiman Diallo, Job Ben Solomon, Islam des mondes.
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