par Seyfeddine Ben Mansour
Nader Chah ou la folie au pouvoir dans l’Iran du XVIIIe siècle (éditions
L’Harmattan) est le dernier ouvrage consacré au célèbre souverain perse
qui a voulu imposer le sunnisme en Iran. L’auteur, Foad Saberan, est un
psychiatre franco-iranien qui s’est intéressé au parcours à la fois
politique et psychiatrique de ce général extraordinaire – surnommé en
Occident «le Napoléon persan» – qui a fait crever les yeux de son propre
fils. Le grand Nadir Shah Afshar, de son nom de monarque, naît
Nader-quli Beg, au sein d’une tribu turcique, les Turkmènes Afshar (dont
il gardera fièrement le nom, devenu shah), en 1688, à Dastgird, dans le
nord du Khorassan.
Une ascension fulgurante
C’est dans un contexte d’anarchie – les Afghans
Ghalzay ont envahi l’Iran – que Nader-quli Beg entre au service de Malik
Mahmud de Sistan, qui venait de prendre la ville de Mashhad. Mais très
vite, formant sa propre armée de Turcomans Afshars, et s’alliant aux
Kurdes Camishgazak, il défait son maître d’hier et prend à son tour le
contrôle de la ville. Ce fait d’armes le fera remarquer par le monarque
séfévide Tahmasb Mirza, qui le recrutera en 1726, lui et ses quelques 2
000 hommes. Son ascension sera fulgurante. Stratège de premier ordre, il
remporta de nombreuses victoires, parfois à un contre dix : contre les
Ottomans et les peuples du Caucase (Tchétchènes et Ingouches,
notamment), mais surtout contre les Indiens, ses grands ennemis. Fait
généralissime (qûrtshî-bashî), il rendra à Tahmasb Mirza la
capitale de ses ancêtres, Ispahan, en 1729. Le souverain ne jouira pas
longtemps de sa dignité de shah retrouvée : en 1731, Nadir le fait
déposer en faveur de son fils Abbas III, et se fait nommer régent (wakîl ad-dawla, vice-roi). Le 9 décembre 1733, il impose une sérieuse défaite aux Ottomans à Kirkouk (Irak actuel).
Rétablir le sunnisme en Iran et reconstituer le territoire séfévide
Ayant définitivement bouté les Afghans hors de Perse, il se fera proclamer roi (shâh) en 1736 par la qûrûltây, une assemblée nationale composée de 20 000 dignitaires (chefs militaires, gouverneurs, ulémas). Il pose comme condition le rétablissement du sunnisme en Iran. Dans un traité conclu avec les Ottomans, gardiens des Lieux Saints, il est ainsi stipulé que les Iraniens ayant abjuré le chiisme seront considérés comme appartenant à la «cinquième école» du sunnisme, le jaafarisme (en référence à l’imam Ja‘far as-Sadiq)… Dès le printemps suivant, il marche sur Kandahar (Afghanistan actuel). Celui qui s’appelle maintenant Nadir Shah Afshar veut effacer le dernier souvenir de l’humiliation de la Perse, et reconstituer le territoire séfévide perdu : Husayn Sultan Ghalzay, frère de l’envahisseur Mahmud, capitulera en mars 1738. Kaboul, Jalalabad et Peshawar tomberont la même année, suivies par Lahore en 1740. Nadir Shah peut maintenant marcher sur l’Inde. L’empereur moghol Muhammad Shah avait fait placer 300 000 hommes, 2 000 éléphants et des centaines de pièces d’artillerie à 120 km de sa capitale, Delhi. Le 24 février 1739, ils étaient mis en pièces par l’armée persane. Le roi défait sera néanmoins réinstallé par son vainqueur sur le trône de l’Hindustan, non sans avoir dû céder à la Perse toutes les régions à l’ouest de l’Indus, et versé une somme faramineuse en réparations de guerre : 700 000 000 de rupies, le fameux Trône du Paon (Takht-i Tâwûs, le trône en or des souverains moghols, qui deviendra ainsi celui des empereurs d’Iran jusqu’en 1979), ainsi que le diamant Kûh-i Nûr, «Montagne de lumière», aux 66 facettes et aux 106 carats… Souverain aimé, Nadir Shah offrira à ses sujets persans une amnistie fiscale de trois années entières. Il mourra assassiné en 1747, après avoir sombré dans la folie.
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