par Seyfeddine Ben Mansour
Selon une enquête du Parisien, la situation des pharmacies françaises
est très préoccupante : un quart d’entre elles est menacé de faillite.
Les pharmaciens évoquent les politiques d’économies sur les dépenses de
santé menées depuis 2005, mais aussi la concurrence de certaines grandes
surfaces, à l’instar du groupe Leclerc. La pharmacie d’officine,
profession traditionnelle, est aujourd’hui en partie menacée. Vieille de
neuf siècles, elle est née de la science pharmaceutique
arabo-musulmane.
C’est en 1241, à Trier (actuelle Allemagne), qu’ouvre la première pharmacie de l’Occident chrétien. Cette première est la conséquence de la mise en application de l’édit de l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen, qui institue la séparation entre la médecine et la pharmacie. Né dans une Sicile encore largement arabe et élevé par un juge musulman, Frédéric II était féru de science et grand admirateur de la culture arabe. C’est de fait à partir de la Sicile et de l’Espagne que s’effectuera, sur plusieurs siècles, le transfert vers l’Occident des connaissances scientifiques et techniques d’islam. Ainsi, du IXe au XIe notamment, la science et l’organisation sanitaires progresseront-ils de manière significative en Occident.
La séparation entre la pharmacie et la médecine était déjà attestée à Bagdad dès le VIIIe siècle. La pharmacie apparaît presque d’emblée comme une discipline autonome, les premières officines privées apparaissant entre 775 et 785 dans le voisinage du palais du calife abbasside Al Mansûr le Fils. Le califat oriental aura produit trois grands noms de l'art médico-pharmaceutique : al-Râzî (Rhazès, 865-925), al-Majûsî (Haly Abbas, ?-994) et Ibn Sînâ (Avicenne, 980-1037). A côté de son œuvre maîtresse, le Kitâb al-hâwî, encyclopédie médicale et pharmacologique, al-Râzî a laissé aussi un formulaire de médicaments composés (Aqrabadin al-kabîr). Le Kitâb al-malakî («Livre royal [de l'art de la médecine]») d’al-Majûsî, qui sera le premier ouvrage médical arabe traduit en latin, comprend un chapitre sur le traitement par les drogues simples et un autre sur les remèdes composés. Dans son Canon (al-Qânûn fî al-tibb), Ibn Sînâ consacre de nombreux chapitres à la description des simples, aux poisons, aux remèdes composés et à la préparation des médicaments.
La califat d’Occident n’est pas en reste pour autant : c’est à travers la figure de l’Espagnol Ibn al-Baytar, le plus grand pharmacien et botaniste arabe, qu’au XIIIe siècle la pharmacie atteinte son apogée. Au IXe et au Xe siècles déjà, de grands progrès avaient été réalisés à la cour de ‘Abd al-Rahmân III, calife de Cordoue : la traduction de l’œuvre du pharmacologue grec Dioscoride, la création d’une faculté de médicine à Majrît (Madrid) et la rédaction par Abû al-Qâsim (Abul Casis, 912-961) d’une véritable encyclopédie pharmaceutique, avec des dessins de plantes et d’instruments de laboratoire. L’Occident musulman produira lui aussi trois grands noms de l'art médico-pharmaceutique : le XIIe siècle sera dominé par la grande figure de Ibn Rushd (Averroès, 1126-1198), encadrée de celle de son maître Ibn Zuhr (Avenzoar, 1073-1162) et de son élève Ibn Maymûn (Maïmonide, 1135-1204). Le Kitâb al-kulliyât («Œuvres complètes») d’Ibn Rushd, que le Moyen âge occidental latinisera en Colliget, comprend des chapitres sur la pharmacologie et la thérapeutique. Son disciple, le médecin et rabbin Ibn Maymûn, composera de nombreux traités, parmi lesquels un Kitâb sahr asmâ' al-'uqqâr («Explication des noms de drogues») de 405 rubriques avec équivalents arabes, grecs, syriaques, persans, berbères et andalous… L’extension territoriale de l'empire musulman était en effet considérable. Elle a permis l’introduction dans la thérapeutique de médicaments nouveaux provenant de divers pays d'Asie, d’Afrique et d'Europe. Mais c’est surtout par leur apport personnel que les savants musulmans ont enrichi la cette science pharmaceutique qui allait devenir occidentale ; et notamment par le biais de ces innovations qu’étaient les opérations de distillation et de percolation, et l’application de la chimie à la matière médicale.
C’est en 1241, à Trier (actuelle Allemagne), qu’ouvre la première pharmacie de l’Occident chrétien. Cette première est la conséquence de la mise en application de l’édit de l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen, qui institue la séparation entre la médecine et la pharmacie. Né dans une Sicile encore largement arabe et élevé par un juge musulman, Frédéric II était féru de science et grand admirateur de la culture arabe. C’est de fait à partir de la Sicile et de l’Espagne que s’effectuera, sur plusieurs siècles, le transfert vers l’Occident des connaissances scientifiques et techniques d’islam. Ainsi, du IXe au XIe notamment, la science et l’organisation sanitaires progresseront-ils de manière significative en Occident.
La séparation entre la pharmacie et la médecine était déjà attestée à Bagdad dès le VIIIe siècle. La pharmacie apparaît presque d’emblée comme une discipline autonome, les premières officines privées apparaissant entre 775 et 785 dans le voisinage du palais du calife abbasside Al Mansûr le Fils. Le califat oriental aura produit trois grands noms de l'art médico-pharmaceutique : al-Râzî (Rhazès, 865-925), al-Majûsî (Haly Abbas, ?-994) et Ibn Sînâ (Avicenne, 980-1037). A côté de son œuvre maîtresse, le Kitâb al-hâwî, encyclopédie médicale et pharmacologique, al-Râzî a laissé aussi un formulaire de médicaments composés (Aqrabadin al-kabîr). Le Kitâb al-malakî («Livre royal [de l'art de la médecine]») d’al-Majûsî, qui sera le premier ouvrage médical arabe traduit en latin, comprend un chapitre sur le traitement par les drogues simples et un autre sur les remèdes composés. Dans son Canon (al-Qânûn fî al-tibb), Ibn Sînâ consacre de nombreux chapitres à la description des simples, aux poisons, aux remèdes composés et à la préparation des médicaments.
La califat d’Occident n’est pas en reste pour autant : c’est à travers la figure de l’Espagnol Ibn al-Baytar, le plus grand pharmacien et botaniste arabe, qu’au XIIIe siècle la pharmacie atteinte son apogée. Au IXe et au Xe siècles déjà, de grands progrès avaient été réalisés à la cour de ‘Abd al-Rahmân III, calife de Cordoue : la traduction de l’œuvre du pharmacologue grec Dioscoride, la création d’une faculté de médicine à Majrît (Madrid) et la rédaction par Abû al-Qâsim (Abul Casis, 912-961) d’une véritable encyclopédie pharmaceutique, avec des dessins de plantes et d’instruments de laboratoire. L’Occident musulman produira lui aussi trois grands noms de l'art médico-pharmaceutique : le XIIe siècle sera dominé par la grande figure de Ibn Rushd (Averroès, 1126-1198), encadrée de celle de son maître Ibn Zuhr (Avenzoar, 1073-1162) et de son élève Ibn Maymûn (Maïmonide, 1135-1204). Le Kitâb al-kulliyât («Œuvres complètes») d’Ibn Rushd, que le Moyen âge occidental latinisera en Colliget, comprend des chapitres sur la pharmacologie et la thérapeutique. Son disciple, le médecin et rabbin Ibn Maymûn, composera de nombreux traités, parmi lesquels un Kitâb sahr asmâ' al-'uqqâr («Explication des noms de drogues») de 405 rubriques avec équivalents arabes, grecs, syriaques, persans, berbères et andalous… L’extension territoriale de l'empire musulman était en effet considérable. Elle a permis l’introduction dans la thérapeutique de médicaments nouveaux provenant de divers pays d'Asie, d’Afrique et d'Europe. Mais c’est surtout par leur apport personnel que les savants musulmans ont enrichi la cette science pharmaceutique qui allait devenir occidentale ; et notamment par le biais de ces innovations qu’étaient les opérations de distillation et de percolation, et l’application de la chimie à la matière médicale.
Mots clés : Islam des mondes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire