par Seyfeddine Ben Mansour
Depuis
le mardi 9 juillet, les musulmans de France, à l’instar de millions de
leurs coreligionnaires à travers le monde, récitent le Coran chaque soir
durant la prière des tarawîh, prière surrogatoire propre au mois saint
de Ramadan. Cette pratique, instituée du vivant du Prophète, vient
rappeler le lien étroit qui existe entre le Livre sacré et le jeûne de
ramadan, troisième pilier de l’islam. Un lien en quelque sorte
inaugural, puisque c’est le mois qu’a choisi Dieu pour honorer Muhammad,
lui signifiant à travers la révélation de la sourate Al ‘Alaq le début
de sa mission prophétique : «Lis, au nom de ton Seigneur qui t’as créé»…
Le mois des révélations abrahamiques
Ainsi «le mois de Ramadan est
celui au cours duquel le Coran a été révélé» (II : 185). Et ici comme
ailleurs, le Coran s’inscrit dans une tradition abrahamique. D’après un
hadith cité dans le Mu'jam al-kabîr d’at-Tabarani (873-970) et dans le Musnad de
l’imam Ahmad Ibn Hanbal (780-855), le Prophète a dit que «Les feuillets
d’Abraham ont été révélés la première nuit de ramadan, la Torah un 6 du
mois de ramadan, les Evangiles un 13 et le Coran un 24.» Ce mois
lunaire ferait donc office d’écrin temporel pour l’ensemble des textes
célestes, dont le Coran, ultime aboutissement de la Parole divine, et
Parole ultime. Ramadan est du reste le seul mois à être nommément cité
dans le Coran. L’une de ses divisions, la Nuit du Destin (Laylat al-Qadr), y
est même magnifiée dans une sourate intégralement dédiée : «En vérité,
Nous avons révélé le Coran dans la Nuit du Destin. Et quelle
merveilleuse nuit que la Nuit du Destin ! Car la Nuit du Destin vaut
plus que mille mois réunis ! (XCVII :1-5). C’est traditionnellement une
nuit de grande ferveur religieuse que l’on consacre, précisément, à
réciter le texte coranique, souvent dans son intégralité. En réalité,
c’est l’ensemble de ce mois sacré, ‒ dont la Nuit du Destin représente
en quelque sorte le point culminant ‒, qui est une célébration du Coran.
Les prières des tarawih, qui, durant les 30 jours de Ramadan suivent
celles, canoniques, du ‘isha, sont l’occasion de réciter, chaque soir,
une partie du texte coranique. Un juz’, c’est-à-dire, un trentième du
Coran, de sorte qu’à la veille de l’Aïd al-Fitr (fête qui clôture le
mois du jeûne), l’intégralité du Livre a été récité.
Lire mais aussi méditer le Coran…
A
cela, il faut sans doute ajouter la pratique de l’i’tikâf, ou retraite
dévotionnelle qui peut
être accomplie la dernière décade du mois, et qui
consiste, entre autres, à lire le Coran et à méditer sur le sens de ses
versets loin du tumulte du monde, dans le silence des mosquées. Enfin,
dernier lien, indirect mais non moins prégnant, entre le texte
coranique et le mois saint, le fait qu’un certain nombre d’événements de
première importance dans l’histoire de l’islam et cités dans le Coran
se soient produits précisément au mois de Ramadan. Il en va ainsi de la
fameuse bataille de Badr (17 Ramadan de l’an II) qui vit le Prophète
remporter une bataille décisive sur l’armée mecquoise : « Dieu ne vous
a-t-Il pas accordé la victoire à Badr, malgré votre nombre
insignifiant? » (III :123). Mais aussi de la prise, non moins décisive,
de la Mecque le 20 Ramadan de l’an VIII de l’Hégire : «Lorsque le
secours de Dieu et Sa victoire viendront, lorsque tu verras les hommes
embrasser en masse Sa religion, célèbre alors les louanges de ton
Seigneur et implore Son pardon, car Il est toute mansuétude et toute
compassion !» (CX : 1-3).
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