jeudi 10 juillet 2014

Laylat al-Qadr, la nuit insaisissable du Destin

par Seyfeddine Ben Mansour

A l’unisson de leurs coreligionnaires aux quatre coins du globe, les musulmans de France célèbrent dans la nuit du 26 au 27 août 2011 / ramadan 1432 Laylat al-Qadr, la Nuit du Destin, nuit la plus sainte de l’année. Dans la sourate XCVII qui lui est consacrée, Dieu dit : « En vérité, Nous avons révélé le Coran dans la Nuit du Destin. Et quelle merveilleuse nuit que la Nuit du Destin ! Car la Nuit du Destin vaut plus que mille mois réunis ! C’est au cours de cette nuit que descendent, avec la permission de leur Seigneur, les anges et l’Esprit saint pour exécuter tout ordre divin. Et c’est au cours de cette nuit que règne une paix ineffable jusqu’au lever de l’aurore ! » C’est en effet au cours d’une nuit de l’an 610, au cours de ce qui allait devenir le mois de ramadan, que l’archange Gabriel est descendu révéler à un Muhammad retiré dans la grotte de Hirâ’ la parole de Dieu Tout-Puissant. Le Coran a donc expressément placé la Révélation dans cette nuit. Une seconde référence y est faite dans la sourate de la Fumée (XLIV:3) : « Nous l’avons, en vérité, révélé en une nuit bénie, car Nous n’avons pas cessé d’avertir les hommes ! ». C’est là la première raison qui explique l’importance attachée à cette nuit, au sein d’un mois, — le mois de Ramadan —, lui-même sacré. Il existe pourtant cinq autres jours mémorables au sein de Ramadân al-Karîm. Cependant, chez la plupart des musulmans, ils ne donnent pas lieu à des actes de dévotion. Il s’agit de la naissance du martyr Husayn, fils de ‘Alî et petit-fils du Prophète (le 6), de la mort de Khadîja, première épouse du Prophète (le 10), de la bataille de Badr, première victoire des musulmans (le 17), de la prise de la Mecque (le 19), de la mort de ‘Alî, cousin, disciple et gendre du Prophète et quatrième calife de l’islam (le 21), et enfin du jour de naissance de ‘Alî (le 22). La seconde raison découle de la première : Laylat al-Qadr est une nuit caractérisée par une grande dévotion religieuse. A la maison, ou, plus souvent, à la mosquée, les fidèles la consacrent en effet à faire des invocations (dhikr), à accomplir des prières, à réciter le Coran, et à demander la rémission de leurs péchés. Car, comme l’affirme le verset 3, « la Nuit du Destin vaut plus que mille mois réunis ». L’usage du numéral « mille » ressortit ici à un procédé stylistique d’emphase, fréquent en arabe, et destiné en l’espèce à dénoter l’excellence. Ailleurs, dans un hadîth authentique rapporté par Muslim, il est affirmé que « Toutes les fautes passées sont pardonnées à celui qui passe la nuit du Destin en veillée pieuse avec foi et espoir de récompense ». Plus souvent, ces œuvres pies qu’accomplissent les fidèles se déroulent durant chacune des nuits impaires de la dernière décade de Ramadan, soit les veilles des 21, 23, 25, 27 et 29 Ramadan. Car si la majorité des ulémas placent Laylat al-Qadr dans la nuit du 26 au 27, l’accord n’est pas unanime. Dans son Fath al-Bârî, monumental commentaire du Sahîh d’al-Bukhâri, Ibn Hajar al-‘Asqalânî recense en effet pas moins de quarante commentaires à ce sujet. Un hadîth, notamment, invite à « chercher la Nuit du Destin parmi les nuits impaires de la dernière décade du mois de Ramadan ». Mais c’est un autre hadîth, d’une égale authenticité, qui est vu comme destiné à préciser le premier : « celui qui veut la chercher, qu’il l’attende dans la nuit du vingt-sept ». Enfin, une exégèse originale, due à l’Egypto-américain Rashad Khalifa, prétend prouver la chose littéralement : la sourate XCVII comporte 30 mots, soit autant que de jours dans le mois. Or le 27e mot est hiya, « elle », c’est-à-dire la Nuit du Destin…

Article publié sur Zaman France (26 août 2011).

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