par Seyfeddine Ben Mansour

Gökkubbe altında birlikte yaşamak, « Vivre ensemble sous la Coupole du ciel ». Après la France (Paris) et l’Algérie (Alger, Oran, Tlemcen, Bejaïa), l’exposition sur la tolérance religieuse au sein de l’Empire ottoman a fait escale en Tunisie (Bibliothèque nationale de Tunis, 2-8 novembre). Ces deux anciens odjaks (provinces ottomanes) sont des « pays musulmans frères » selon la formule consacrée, mais aussi, de plus en plus, des partenaires économiques privilégiés : avec la Tunisie, un accord de libre échange en vigueur depuis 2005 et un accroissement du volume d’échanges de 65 % entre 2007 et 2008 (1 milliard de dollars) ; avec l’Algérie, un accroissement de 246 % pour les dix premiers mois de 2008 (3,6 milliards de dollars) et un accord de libre échange à l’étude. Au-delà de l’intérêt que peuvent représenter ces marchés sur lesquels plusieurs centaines d’entreprises turques sont déjà implantées, l’Algérie et la Tunisie peuvent constituer des ponts vers les marchés africains. Ce rapprochement stratégique avec la rive sud de la Méditerranée devrait contribuer à faire de la Turquie, puissance musulmane et laïque montante, un intermédiaire incontournable dans les rapports entre les pays occidentaux et le monde musulman, rôle auquel la prédispose sa longue expérience du vivre ensemble sous la Coupole du ciel…
Tel semble bien être donc le sens de cette exposition qui regroupe deux cents documents s’étalant sur une période de cinq siècles, depuis l’instauration de l'Empire à la fin du XIVe jusqu'à la fondation de la République turque au début du siècle dernier : des lettres officielles, des firmans (édits promulgués par le Sultan) et des actes administratifs d’ordres divers. Tous ont en commun de montrer la tolérance religieuse telle qu’elle était pratiquée effectivement au sein de cette mosaïque de peuples et de confessions qu’était l’Empire ottoman. A ses sujets non-musulmans — Arméniens catholiques, Arméniens grégoriens, Bulgares orthodoxes, catholiques latins, Chaldéens catholiques, Grecs-orthodoxes, Juifs, karaïm, maronites, melkites catholiques, Nestoriens, protestants arméniens, protestants arabes, Syriens catholiques, Syriens jacobites et Samaritains —, le Sultan garantissait la liberté de culte ainsi que la protection des biens et des personnes. On lit ainsi dans un des firmans du sultan Mehmed II le Conquérant (1429-1481) : « j’ai donné les mêmes privilèges à Antasyos, le patriarche grec de Jérusalem et aux prêtres, qui sont venus à mon autorité pour solliciter à nouveau les droits et privilèges dont ils disposaient sur les lieux saints tels que l’église du Saint-Sépulcre, l’église de Bethlehem où est né Jésus Christ, lieux qui étaient en leur possession depuis le Prophète Mohammed et le Calife Omar. Que personne ne les offense ! Que ceux qui ne respectent pas cet ordre éprouvent la malédiction du Dieu et de son Prophète »…
Cependant ces droits s’accompagnent de devoirs — notamment l’acquittement d’impôts spéciaux (la djizye et le haraç) — qui procédaient d’une inégalité de droit des sujets non-musulmans. Ce statut d’hôte protégé (dhimmi) n’en a pas moins constitué, des siècles durant, la base légale d’un modèle de coexistence pacifique, loué par Voltaire même. Dans son célèbre pamphlet contre le fanatisme chrétien intitulé Traité sur la tolérance, le philosophe des Lumières écrit en effet : « Le Grand Seigneur [le sultan Mustafa III] gouverne en paix vingt peuples de différentes religions ; deux cent mille Grecs vivent avec sécurité dans Constantinople ; le muphti même nomme et présente à l'empereur le patriarche grec ; on y souffre un patriarche latin. [...] Les annales turques ne font mention d'aucune révolte excitée par aucune de ces religions. »
En 1923, l’avènement de la République turque consacrera l’égalité de tous devant la loi.
Tel semble bien être donc le sens de cette exposition qui regroupe deux cents documents s’étalant sur une période de cinq siècles, depuis l’instauration de l'Empire à la fin du XIVe jusqu'à la fondation de la République turque au début du siècle dernier : des lettres officielles, des firmans (édits promulgués par le Sultan) et des actes administratifs d’ordres divers. Tous ont en commun de montrer la tolérance religieuse telle qu’elle était pratiquée effectivement au sein de cette mosaïque de peuples et de confessions qu’était l’Empire ottoman. A ses sujets non-musulmans — Arméniens catholiques, Arméniens grégoriens, Bulgares orthodoxes, catholiques latins, Chaldéens catholiques, Grecs-orthodoxes, Juifs, karaïm, maronites, melkites catholiques, Nestoriens, protestants arméniens, protestants arabes, Syriens catholiques, Syriens jacobites et Samaritains —, le Sultan garantissait la liberté de culte ainsi que la protection des biens et des personnes. On lit ainsi dans un des firmans du sultan Mehmed II le Conquérant (1429-1481) : « j’ai donné les mêmes privilèges à Antasyos, le patriarche grec de Jérusalem et aux prêtres, qui sont venus à mon autorité pour solliciter à nouveau les droits et privilèges dont ils disposaient sur les lieux saints tels que l’église du Saint-Sépulcre, l’église de Bethlehem où est né Jésus Christ, lieux qui étaient en leur possession depuis le Prophète Mohammed et le Calife Omar. Que personne ne les offense ! Que ceux qui ne respectent pas cet ordre éprouvent la malédiction du Dieu et de son Prophète »…
Cependant ces droits s’accompagnent de devoirs — notamment l’acquittement d’impôts spéciaux (la djizye et le haraç) — qui procédaient d’une inégalité de droit des sujets non-musulmans. Ce statut d’hôte protégé (dhimmi) n’en a pas moins constitué, des siècles durant, la base légale d’un modèle de coexistence pacifique, loué par Voltaire même. Dans son célèbre pamphlet contre le fanatisme chrétien intitulé Traité sur la tolérance, le philosophe des Lumières écrit en effet : « Le Grand Seigneur [le sultan Mustafa III] gouverne en paix vingt peuples de différentes religions ; deux cent mille Grecs vivent avec sécurité dans Constantinople ; le muphti même nomme et présente à l'empereur le patriarche grec ; on y souffre un patriarche latin. [...] Les annales turques ne font mention d'aucune révolte excitée par aucune de ces religions. »
En 1923, l’avènement de la République turque consacrera l’égalité de tous devant la loi.
Article publié sur Zaman France (20 novembre 2009).
Mots clés : tolérance, France, Turquie, Mustafa III, Voltaire, arméniens catholiques, Arméniens grégoriens, Bulgares orthodoxes, catholiques latins, Chaldéens catholiques, Grecs-orthodoxes, juifs, karaïm, maronites, melkites catholiques, Nestoriens, protestants arméniens, protestants arabes, Syriens catholiques, Syriens jacobites, Samaritains, Gökkubbe altında birlikte yaşamak, Islam des mondes.
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